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Clap de fin pour Mouv’ : la hip-hop nation quitte les ondes

Née en 1997 avec pour mission de rajeunir l’antenne de Radio France, Mouv’ tire sa révérence en FM à la fin de l’été 2025. Entre Paris et Toulouse, rock et hip-hop, liberté folle et virages brutaux, la station aura été un laboratoire agité, parfois incompris, souvent culte. Sa disparition marque la fin d’une utopie radiophonique, mais aussi un virage stratégique du service public vers le tout-numérique.


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Pensée pour concurrencer les radios musicales privées auprès des jeunes, la station peine à se faire une place. Photo Denis/REA


Une radio née d’un graffiti, entre ambition et scepticisme


Mouv’, c’est d’abord un pari lancé en 1997 : créer une radio publique pour les jeunes, dans un paysage dominé alors par Skyrock, Fun Radio ou NRJ. Dans le mythique Studio 106 de la Maison de la Radio, le 17 juin 1997, le graffeur André Saraiva dessine en direct un logo bancal, presque ironique : Le Mouv’. Le ton est donné.


Toulouse, capitale officieuse de Mouv’


Mais dès les débuts, un obstacle de taille s’impose : impossible de trouver une fréquence à Paris. Alors cap au sud. Toulouse devient la base arrière de la station à partir d’avril 1998. Ce détour géographique durera treize ans, ancrant Mouv’ dans la ville rose, deuxième métropole étudiante de France. Là-bas, loin des couloirs feutrés de la Maison de la Radio, l’équipe donne libre cours à son esprit frondeur : reportages de terrain jusqu’en Afghanistan ou dans les Balkans, émissions en roue libre, happenings absurdes. En janvier 2012, Mouv’ devient même « GroMouv’ » le temps d’une journée prise en main par l’équipe de Groland. De la radio comme on n’en fait plus.


Changements de cap et chocs culturels


En 2011, retour à Paris. En 2015, virage serré. Le rock s’efface, le hip-hop prend le contrôle. Bruno Laforestrie, ancien patron de Générations, remplace les guitares saturées par les beats trap : « Le Mouv’ » devient simplement Mouv’, et se réinvente en hip-hop nation du service public. Les titres de Booba, Niska ou Shay envahissent l’antenne. La radio se reconnecte avec son époque, mais se cherche toujours une véritable identité.


Constance Vilanova, étincelle ou étau ?


La dernière secousse arrive en septembre 2023, avec l’arrivée tonitruante de Constance Vilanova, chroniqueuse sans filtre. Drôle, dérangeante, décapante, elle divise les auditeurs. Certains adorent, d’autres fuient. Les chiffres dégringolent, les critiques internes fusent. Ce coup de volant brutal précipite, selon la légende, la chute de Mouv’.


Une disparition déguisée en transformation


Derrière la disparition de la station en FM, c’est aussi l’érosion structurelle de l’écoute radio chez les jeunes qui est en cause. Chez les 15-24 ans, seuls 9% écoutent encore la musique via la radio, contre plus de 80% en streaming. Face à ces mutations, Radio France acte la fin d’un modèle : Mouv’ sera désormais une marque musicale 100% numérique, avec une équipe resserrée et des contenus adaptés aux plateformes. Ses salariés permanents auront, pour ceux qui le souhaitent, des opportunités dans d’autres antennes du groupe.


La fin d’une époque, le début d’un autre pari


En parallèle, une autre aventure s’annonce : la création d’une radio de service public pour enfants, pilotée par les équipes de France Inter, qui verra le jour en DAB+, le nouveau standard radio destiné à remplacer la FM.


Mouv’ s’éteint donc comme elle a vécu : dans le tumulte. Une radio souvent écorchée, parfois moquée, mais inclassable et, à sa manière, pionnière. Elle laissera derrière elle des souvenirs de liberté, des voix singulières, et une belle part d’imprévisible – ce que la radio a aujourd’hui bien du mal à offrir.

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